L’enjeu en bref

Ces dernières années, les interactions entre les mammifères marins et les navires ont occupé une place grandissante dans les recherches scientifiques, les médias et dans la réalité opérationnelle du transport maritime.

Il est en effet reconnu que le transport maritime représente une des menaces grandissantes pour les mammifères marins à cause des risques de collisions fatales et du bruit sous-marin engendré par les navires. En effet, ce dernier a pour effet d’interférer avec les sons émis par ces animaux et de brouiller ainsi les voies de communication dont ils dépendent pour se diriger, s’alimenter, se reproduire et socialiser. Le fait que plusieurs espèces soient désormais menacées ou en voie de disparition dans le Saint-Laurent, telles que le béluga et la baleine noire de l’Atlantique du Nord, rend ces enjeux particulièrement préoccupants.

Depuis plusieurs années, les armateurs opérant dans le Saint-Laurent collaborent de manière très proactive avec différents intervenants concernés, à identifier et à mettre en œuvre des solutions réalistes, efficaces et basées sur la science.

 

Risques de collision

La vitesse d’un navire a un impact sur le degré de fatalité lors d’une collision avec un mammifère marin. Ainsi, le risque de blessures graves ou de mortalité chez les mammifères marins percutés par un navire naviguant à une vitesse de 17 nœuds sont estimés à 90 %, contrairement à 31% pour un navire naviguant à une vitesse de 10 nœuds.

C’est sur la base de ces connaissances que des mesures volontaires de réduction de vitesse ont été élaborées en 2011 dans l’estuaire du Saint-Laurent par le Groupe de travail sur le transport maritime et la protection des mammifères marins (G2T3M), composé de scientifiques, d’autorités réglementaires concernées et l’industrie maritime, dont ASL. Cette zone abrite en effet une population résidente de béluga, ainsi que d’autres espèces menacées, telles que le rorqual bleu.

Ces mesures, qui incluent une zone de ralentissement à la tête du chenal laurentien au large de Tadoussac et une zone à éviter en aval des Escoumins, sont en vigueur depuis 2013. En adoptant ces mesures, les risques de collisions ont été réduits de presque 40 %. Source : Pêches et Océans Canada.

Plus récemment, ASL a activement collaboré avec d’autres partenaires de l’industrie, avec l’appui de chercheurs scientifiques, pour proposer au gouvernement du Canada des mesures de réduction de vitesse pour la saison 2018 pour protéger la baleine noire de l’Atlantique du Nord. Ces mesures, basées sur les plus récentes connaissances disponibles, visent à protéger les mammifères marins tout en minimisant les impacts sur l’industrie maritime.

Plusieurs membres d’ASL appuient depuis de nombreuses années des projets de recherche pour améliorer les connaissances sur les comportements des mammifères marins, leur habitat et sur leur distribution.

De plus, depuis 2015, l’Alliance verte mène en collaboration avec le Réseau d’observation des mammifères marins (ROMM) une campagne de sensibilisation à bord des navires canadiens. Ainsi, les équipages sont formés à l’observation des baleines et aux actions à poser en cas de rencontre.

 

Bruit sous-marin

En raison du statut fragile de certaines espèces de mammifères marins et l’augmentation du trafic maritime lié à la croissance économique, cet enjeu doit être considéré avec sérieux. Toutefois, plusieurs variables doivent être encore étudiées avant d’établir les meilleures pratiques à adopter. De plus, de nombreuses contraintes technologiques et opérationnelles propres à l’industrie maritime rendent la recherche de solutions complexe. Cela n’empêche pas l’industrie d’être proactive.

Ainsi, suivant les lignes directrices publiées par l’Organisation maritime internationale et l’indicateur de performance de l’Alliance verte sur le bruit sous-marin, plusieurs armateurs mettent déjà en place des mesures prometteuses de façon volontaire : opérer en dessous de la vitesse de cavitation et éviter les accélérations brusques, entretenir l’hélice pour réduire le bruit de cavitation, changer de route de navigation pour contourner des zones sensibles, insonoriser ou recourir à des équipements plus silencieux lors de la construction de nouveaux navires.

La recherche et le développement au sujet du bruit sous-marin font l’objet de plusieurs initiatives au Canada. De plus, l’Alliance verte, le programme environnemental de l’industrie maritime, dont ASL est membre associatif, joue un rôle de premier plan dans le processus de recensement des connaissances, mais surtout en agissant comme courroie de transmission entre les projets qui se déroulent au Canada et aux États-Unis, en raison de son rayonnement et de son effectif nord-américain.

En participant à des consultations,  des comités et groupes de travail, et des initiatives comme MeRLIN, ASL assure également une veille constante sur l’évolution des politiques, des bonnes pratiques, des progrès technologiques, ainsi que sur les connaissances scientifiques afin de pouvoir informer nos membres et de nous outiller pour représenter leurs intérêts et préoccupations lors de la définition de toute nouvelle mesure de protection.


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