"Le transport maritime, un service essentiel" un texte de Saul Polo à lire dans La Presse

Les Armateurs du Saint-Laurent ont publié dans La Presse une lettre d’opinion portant sur la situation dans les ports du Canada.

Le transport maritime, un service essentiel

C’est un scénario prévisible. Lorsque les négociations entourant les renouvellements des conventions collectives des débardeurs achoppent, toute l’économie canadienne est prise en otage.

Le conflit de travail au port de Montréal, qui a forcé le gouvernement fédéral à imposer un arbitrage exécutoire, n’est pas un cas isolé. D’autres arrêts de travail sont survenus dans les ports de Vancouver et de Prince Rupert.

Au lieu d’être à la remorque des évènements, le gouvernement du Canada devrait mettre fin à cette faiblesse récurrente dans la chaine logistique une fois pour toutes. Le transport maritime est un service essentiel ; que la loi soit modifiée pour le désigner ainsi.

Au Québec seulement, les transbordements dans les ports représentent environ 156 millions de tonnes de marchandises chaque année.

Environ 80 % des biens consommés par les Canadiens arrivent ici par navire. Imaginez combien d’entreprises feraient faillite s’il leur était impossible d’expédier leurs produits par bateau !

Le Canada est un pays exportateur. Sans transport maritime, le gagne-pain de millions de Canadiens est menacé. Malgré cet état de fait évident, les débardeurs ne sont pas considérés comme des travailleurs essentiels par le projet de loi C-58, Projet de loi visant à interdire le recours aux travailleurs de remplacement.

Le rôle stratégique du transport maritime

Le gouvernement fédéral doit corriger cette lacune immédiatement. De plus, nous l’invitons à réfléchir de manière plus large au rôle stratégique du transport maritime dans l’économie québécoise et canadienne pour répondre aux défis du commerce moderne.

Le transport maritime est de loin le moyen le plus vert de transporter des marchandises. Transporter une tonne de biens par bateau émet 11,9 grammes de CO2 par kilomètre, contre 14,2 grammes pour une tonne transportée par rail et 75,5 grammes pour une tonne transportée par camion.

Le Québec jouit d’une position géographique exceptionnelle en tant que porte d’entrée de la voie maritime du Saint-Laurent. Montréal est une plaque tournante capable de desservir non seulement le marché canadien, mais aussi de rediriger les flux de marchandises partout dans le Nord-Est américain grâce à un réseau ferroviaire et routier bien intégré.

Cet avantage stratégique énorme est actuellement fragilisé, voire même paralysé, par les décisions d’un petit nombre de travailleurs. Nous reconnaissons le droit à une négociation juste et équitable des travailleurs, mais certes pas au détriment d’une population et de son économie. Laisser cette incohérence persister serait irresponsable. Nous comptons sur le gouvernement du Canada pour prendre les mesures qui s’imposent.



Armateurs du Saint-Laurent